Le dernier jour de la COP29, qui se tient à Bakou, est marqué par des tensions croissantes entre les pays développés et les pays en développement, principalement autour de la question cruciale de la finance climatique. Alors que la conférence devrait se terminer Ce 22 novembre 2024, une prolongation est d’ores et déjà attendue pour le 23 novembre 2024, les négociateurs de près de 200 pays n’ayant toujours pas réussi à s’accorder sur un texte final. Ce texte, qui pourrait marquer une avancée significative ou un échec dans les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique, est au cœur des débats. Un projet d’accord publié le 21 novembre 2024 a en effet suscité une grande insatisfaction, notamment à cause de l’absence de chiffres clairs concernant les financements.
Des discussions interminables et un compromis difficile à atteindre
Les négociateurs ont passé près de deux semaines à tenter de trouver un compromis financier entre les pays riches et ceux en développement. Le point central du débat reste la question du financement climatique : combien les pays développés accepteront-ils de verser aux pays en développement, afin de les aider à faire face aux effets dévastateurs du changement climatique, tout en les soutenant dans leur transition énergétique vers des sources bas carbone ? Les pays en développement réclament une contribution bien plus importante de la part des pays riches, notamment pour compenser leur responsabilité historique dans la crise climatique.
Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama, a souligné cette exigence en déclarant : « Nous ne demandons qu’1 % du PIB mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies ? » Une question qui résonne d’autant plus fortement dans un contexte où, depuis le début de la conférence, des catastrophes climatiques telles que des tempêtes aux Philippines, des inondations meurtrières en Espagne, ou encore des sécheresses dévastatrices en Équateur, ont frappé de plein fouet des millions de personnes.
Un compromis financier difficile à concrétiser
Le projet d’accord publié le 21 novembre a profondément déçu, car il ne contenait que des « X » à la place des chiffres précis. De plus, il n’a pas permis de trancher entre les deux visions opposées sur le montant des financements climatiques. La plus grande alliance de pays en développement demande un montant d’au moins 500 milliards de dollars par an de la part des pays développés d’ici 2030, un chiffre bien au-dessus des 116 milliards de dollars fournis en 2022.
Les pays européens, premiers contributeurs mondiaux, affirment vouloir « continuer à montrer la voie » en matière de financement climatique, un terme qui fait référence à l’Accord de Paris et vise à montrer leur engagement. Toutefois, les contraintes budgétaires actuelles, accentuées par le resserrement des finances publiques, limitent leur capacité à répondre aux attentes. Les États-Unis ont exprimé leurs préoccupations, qualifiant le dernier projet d’accord de « profondément inquiétant ». Wopke Hoekstra, commissaire européen, a qualifié ce travail d’« inacceptable » et a exhorté le président de la COP29, Moukhtar Babaïev, à « montrer du leadership ».
Des divisions géopolitiques et une opposition persistante aux énergies fossiles
Les divisions géopolitiques se font également sentir. La ministre colombienne Susan Muhamad a exprimé son désarroi face à la situation, déclarant que les pays développés « tournent en rond dans leurs jeux géopolitiques ». Tandis que les pays riches négocient une « ambition » accrue pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, un autre point de blocage majeur est l’opposition des pays producteurs de pétrole. L’Arabie saoudite, soutenue par d’autres pays du groupe arabe, a explicitement averti qu’elle n’accepterait aucun texte visant spécifiquement les combustibles fossiles. Cette position s’oppose à l’accord de la COP28 de Dubaï, qui appelait à une transition progressive vers la sortie des énergies fossiles.
Alors que la COP29 se termine sous haute tension, les négociateurs se retrouvent dans une impasse sur plusieurs questions cruciales, notamment le financement climatique et la transition énergétique. Un compromis semble encore possible, mais il reste à savoir si les divergences géopolitiques et économiques pourront être surmontées à temps pour éviter un échec retentissant.
Moctar FICOU / VivAfrik