Liter of light au chevet des populations démunies et dépourvues d’électricité

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Apporter de la lumière aux populations qui en sont privées, c’est l’objectif de Liter of light. Une gageure quand l’on sait qu’1,3 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité et plus de 2 milliards y ont accès mais de manière discontinue. Pour répondre à ce défi, l’ONG a donc développé un ingénieux système de luminaires autonomes fabriqués à partir de bouteilles en plastique recyclé, de LED et de panneaux solaires. Olivier Lasbouygues, le président de l’ONG en France profite de cette occasion pour accorder un entretien à nos confrères de novethic.fr. Du 10 au 14 octobre, Novethic s’associe à l’opération « la France des solutions», porteur d’un journalisme qui donne envie d’agir.

Comment est né Liter of Light ?

C’est une innovation Sud-Sud, c’est à dire née dans le Sud pour les pays du Sud. L’idée d’insérer une bouteille d’eau dans le toit des maisons a émergé en 2002. La bouteille fonctionne comme un puits de lumière et permet d’apporter de l’éclairage pendant la journée. En 2011, le système a été amélioré pour répondre au mieux aux besoins des communautés. Après le passage du typhon Yolanda, aux Philippines, il fallait pouvoir construire des systèmes électriques très rapidement. C’est alors que nous avons amélioré Liter of Light. Dans la même bouteille, nous avons intégré une Led, des composants électroniques, un tube et un panneau solaire, le tout pour 10 dollars environ. Cela permet d’éclairer une pièce de 15 m2 à la nuit tombée, et évite l’utilisation de kérosène. Les enfants peuvent ainsi faire leurs devoirs et les parents s’occuper de la maison… Et puis, afin de résoudre les problèmes d’insécurité et de criminalité dans les rues, nous avons également transposé le système aux lampadaires.

 Quelle est l’ambition de l’ONG ?

Notre objectif est que chacun puisse s’approprier le système et avoir accès à l’éclairage. C’est pourquoi le produit est très simple à reproduire, pas très cher et accessible à tous en open source. Nous souhaitions également offrir une solution qui soit respectueuse de l’environnement, c’est le cas grâce à l’énergie solaire. Et puis, l’idée était de porter un message autour de l’utilisation raisonnée de la lumière. L’autre volonté de l’ONG était de permettre l’émergence de micro-entreprises au niveau local afin que le système puisse être étendu et qu’il génère un revenu. Aujourd’hui, nous estimons que 200 personnes à travers le monde arrivent à en vivre et à développer une économie locale. Au total, 450 000 systèmes ont été installés ainsi que quelques milliers de lampadaires.

 Sur quel modèle économique vous appuyez-vous ?

En Asie par exemple, un particulier va économiser 5 dollars par mois grâce au système de la bouteille simple, utilisée en journée. En deux mois, la famille va pouvoir acheter les matériaux nécessaires pour fabriquer le système complexe utilisé le soir. Et avec les économies ainsi engendrées, elle pourra faire réparer le produit. Pour ce qui est des lampadaires, les systèmes sont proposés aux magasins. Pour s’assurer que ceux-ci feront bien les opérations de réparation et de maintenance, nous avons installé sur les lampadaires des chargeurs de portable que le magasin vend comme un service. Il a donc tout intérêt à ce que le système fonctionne. Nous sommes également en train de réfléchir à l’installation de purificateurs d’eau qui fonctionneraient à certains moments creux de la journée, et que le propriétaire du magasin pourrait aussi facturer au consommateur.

 Quel est votre rôle ?

Dans les pays en développement, nous intervenons principalement au début pour donner des conseils et aider à l’installation du système. Ensuite nous nous appuyons sur des partenaires locaux, généralement des personnes motivées, capables de réparer les systèmes en cas de besoin. Dans la plupart des pays, l’ONG offre le dispositif gratuitement, mais en Colombie, par exemple, l’association est devenue une entreprise qui commercialise le système. Dans les pays développés, comme en France, où nous n’avons pas besoin de ce système d’éclairage, nous travaillons à donner de la visibilité à l’ONG pour que notre solution se propage partout et que nous recevions des soutiens, publics ou privés. Nous allons aussi mener des ateliers pédagogiques avec des élèves et des entreprises pour les sensibiliser à la question de l’accès à l’énergie. Nous essayons d’agir sur les mentalités et de changer le regard sur les pays du Sud.

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