À l’occasion de la COP29 qui se tient actuellement à Bakou, en Azerbaïdjan, les Organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent la présence de près de 1 800 lobbyistes des secteurs des énergies fossiles, notamment le pétrole, le gaz et le charbon. Un chiffre alarmant, d’autant plus que cette conférence mondiale, qui se déroule du 11 au 22 novembre 2024, est dédiée en grande partie à l’énergie, un domaine où les énergies fossiles représentent 90 % des émissions de CO2, principal gaz responsable du changement climatique.
Une influence inacceptable des lobbyistes des énergies fossiles
Les ONG, réunies sous la bannière de la coalition Kick Big Polluters Out (« Virons les gros pollueurs »), affirment que 1 773 lobbyistes des énergies fossiles sont accrédités pour cette COP29. Cette présence massive de représentants des secteurs les plus polluants du monde soulève une vive inquiétude parmi les défenseurs de l’environnement. Ces derniers estiment qu’il est inacceptable que ces lobbyistes puissent participer aux négociations sur le climat, qui visent à limiter et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Scott Kirby, militant britannique présent à Bakou, exprime sa frustration face à cette situation : « C’est tout simplement inacceptable que ces personnes aient accès aux négociations, alors que la science est claire : nous devons arrêter l’exploitation des énergies fossiles. Pourquoi leur permet-on encore de venir ? » L’une des figures les plus notables présentes à cette COP29 est Patrick Pouyanné, PDG du géant pétrolier TotalEnergies, aux côtés de nombreux autres dirigeants du secteur du pétrole, des ministres de l’énergie et des consultants en provenance du monde entier.
La présence des lobbyistes fossiles : un problème systémique
Le nombre de lobbyistes des énergies fossiles présents cette année est légèrement inférieur à celui de l’année dernière, mais cela est principalement dû à la taille réduite de la COP29, qui accueille environ 53 000 personnes accréditées, selon les chiffres de l’ONU (hors personnel technique et organisateurs). Selon les ONG, la présence des lobbyistes des énergies fossiles dépasse en nombre la délégation de presque chaque pays, à l’exception de celle de l’Azerbaïdjan (2 229), du Brésil (1 914) et de la Turquie (1 862).
Scott Kirby souligne que le choix des pays hôtes des COP est un facteur aggravant de cette situation : « Le fait que les trois dernières COP aient été organisées dans des pays producteurs de pétrole exacerbe le problème », a-t-il déclaré. En effet, l’organisation de conférences climatiques dans des pays riches en ressources pétrolières et gazières soulève des préoccupations sur la neutralité de ces événements et sur le lobbying des grandes entreprises du secteur fossile. Cette tendance a également été observée lors des COP précédentes, où des contrats pétroliers et gaziers ont été négociés en parallèle de discussions sur le climat.
Les ONG demandent l’interdiction des lobbyistes fossiles
La présence de lobbyistes fossiles aux COP n’est pas nouvelle, mais elle suscite une attention croissante en raison de l’impact évident de ces industries sur l’environnement. L’exemple le plus frappant a été celui de la COP28 à Dubaï, où la nomination de Sultan Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, à la présidence de la conférence, avait suscité de vives critiques. Malgré cela, cette COP avait abouti à une avancée symbolique, avec un appel à amorcer la sortie progressive des énergies fossiles. Mais la participation de nombreuses entreprises liées à l’industrie fossile a jeté un doute sur la sincérité des engagements.
En réaction à la présence des lobbyistes des énergies fossiles à la COP29, TotalEnergies a justifié sa présence en soulignant que personne de l’entreprise ne participe directement aux négociations entre les États. La société a précisé : « Il va de soi que personne chez TotalEnergies ne participe de quelque manière que ce soit aux négociations entre les États, ni n’a accès aux espaces de négociations ». Cependant, cette déclaration n’a pas apaisé les préoccupations des ONG, qui continuent de réclamer une interdiction totale des représentants des entreprises pétro-gazières à ces événements, jugeant leur influence incompatible avec les objectifs climatiques.
Un combat essentiel contre les interférences des lobbyistes fossiles
La question de la présence des lobbyistes fossiles aux conférences climatiques demeure l’un des sujets les plus controversés dans la lutte mondiale contre le changement climatique. Alors que les scientifiques et les militants appellent à une réduction drastique des émissions de CO2, il devient de plus en plus difficile de concilier les intérêts économiques des industries polluantes avec les objectifs climatiques globaux.
Les ONG, regroupées dans la coalition Kick Big Polluters Out, demandent à l’ONU de prendre des mesures fermes pour limiter l’influence des lobbyistes fossiles lors des futures COP et de garantir que les décisions prises lors de ces conférences soient véritablement orientées vers des solutions durables et écologiques. La COP29 à Bakou pourrait bien être un tournant pour définir une nouvelle approche des négociations climatiques, où l’intérêt général prime sur les intérêts des plus grands pollueurs mondiaux.
Moctar FICOU / VivAfrik