COP29 : L’Afrique émergera comme hub du marché mondial des droits à polluer, avec des accords bilatéraux déjà signés

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L’Afrique se positionne de plus en plus comme un acteur clé du futur marché mondial des droits à polluer, une initiative prévue par l’Accord de Paris sur le climat pour permettre aux États de compenser leurs émissions de Gaz à effet de serre (GES) en achetant des crédits carbone. Bien que les règles détaillées de ce marché soient encore en cours de définition, la course pour s’emparer de parts du marché a déjà commencé, et plusieurs pays africains ont pris une longueur d’avance en signant des accords bilatéraux avec des pays industrialisés.

L’Afrique, un marché stratégique pour les crédits carbone

L’Afrique, riche en potentiel de réduction des émissions à moindre coût, apparaît comme un réservoir stratégique pour les pays développés cherchant à respecter leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre. En effet, la mise en œuvre de projets de réduction d’émissions dans des pays en développement coûte souvent moins cher que dans les pays industrialisés. Dans ce contexte, des pays africains voient une opportunité de tirer profit de ce marché émergent.

En attendant la finalisation des discussions sur les règles du marché mondial des droits à polluer, qui doivent être adoptées lors de la COP29 à Bakou (Azerbaïdjan) jusqu’au 22 novembre, plusieurs pays africains ont déjà signé des accords avec des pays industrialisés. Ces accords permettent de lancer des projets concrets qui génèrent des crédits carbone, soit une réduction mesurable des émissions, échangeables sur le marché mondial.

Le Ghana en tête de course : des accords avec cinq pays

Parmi les pionniers, le Ghana s’est imposé comme l’un des leaders du marché africain des droits à polluer. Le pays a signé des accords bilatéraux avec cinq pays industrialisés : la Suisse, la Suède, Singapour, la Corée du Sud et le Liechtenstein. Parmi ces partenariats, celui avec la Suisse est le plus avancé. En effet, plusieurs programmes de réduction d’émissions sont déjà en cours, notamment dans des secteurs comme les foyers de cuisson améliorés dans les zones rurales et l’agriculture, particulièrement la riziculture, qui génère moins de méthane, un gaz à effet de serre puissant.

La Suisse, qui s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici à 2030, prévoit de transférer une partie de ses efforts de réduction à des pays en développement comme le Ghana. Ce transfert de crédits carbone permettra à la Suisse d’atteindre ses objectifs de manière plus économique. Selon les termes de l’accord, plusieurs millions de tonnes équivalent CO2 seront transférées du Ghana vers la Suisse dans les prochaines années.

Le marché des droits à polluer : une opportunité pour l’Afrique ?

Cette approche crée une dynamique dans laquelle l’Afrique devient un actif clé pour les pays développés désireux de réduire leurs émissions sans avoir à recourir à des mesures plus coûteuses ou moins efficaces chez eux. En conséquence, les pays africains, en particulier ceux qui disposent de vastes terres agricoles et de ressources naturelles, peuvent profiter de ce marché en développant des projets visant à réduire les émissions, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.

Le marché des droits à polluer fait partie des mécanismes de flexibilité mis en place par l’accord de Paris, qui inclut également des mesures telles que les contributions déterminées au niveau national (NDC), les transferts de technologies et les financements climatiques. Ces mécanismes sont censés offrir aux États une flexibilité accrue pour atteindre leurs objectifs climatiques, tout en soutenant les efforts de réduction des émissions dans les pays en développement.

Un marché qui pourrait transformer l’Afrique

Les pays africains voient dans cette transition énergétique mondiale une occasion de se positionner en tant qu’acteurs stratégiques dans un marché en forte croissance. La mise en place de projets de réduction d’émissions dans des secteurs clés comme l’agriculture, la gestion des forêts et des terres, ainsi que l’énergie, permettrait non seulement de générer des crédits carbone, mais aussi de favoriser un développement durable sur le continent, tout en créant de nouvelles opportunités économiques.

Cependant, des défis demeurent. Le cadre réglementaire mondial autour des droits à polluer reste encore flou, et les pays africains devront négocier des conditions avantageuses pour maximiser les retombées économiques de ce marché. Néanmoins, avec les accords déjà signés et l’intérêt croissant des pays industrialisés, l’Afrique semble prête à jouer un rôle central dans ce nouveau marché mondial du carbone.

Moctar FICOU / VivAfrik

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