Un salon dédié à l’agriculture ivoirienne et à ses enjeux
Du 14 au 16 novembre 2024, l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan accueille un salon consacré aux produits agricoles locaux tels que le riz, la banane et le manioc. L’objectif principal ? Trouver des solutions pour valoriser les produits « made in Côte d’Ivoire » et les rendre plus compétitifs sur les marchés locaux et internationaux. Au cœur des débats, la certification se distingue comme un levier clé pour améliorer la qualité, la reconnaissance et la commercialisation de ces produits.
Le manioc, une alternative innovante à explorer
Solange, une entrepreneure ivoirienne spécialisée dans la transformation du manioc, participe activement à ce salon. Sous le soleil ivoirien, elle fait sécher de la farine de manioc qu’elle prépare pour diverses utilisations. Son objectif : promouvoir des alternatives à la farine de blé, en proposant des produits locaux adaptés aux besoins modernes.
« Nous travaillons le manioc de manière à éliminer toute acidité. Avec notre farine pâtissière, nous réalisons des pizzas savoureuses et adaptées aux goûts locaux », explique-t-elle avec fierté.
Comme Solange, de nombreux producteurs présents au salon aspirent à élargir leurs débouchés. Toutefois, beaucoup d’entre eux ne sont pas encore suffisamment familiers avec les normes de certification, un outil pourtant essentiel pour gagner en visibilité et en compétitivité.
La certification : un investissement stratégique
Jean-Noël Tapé, commissaire de l’événement, met en avant l’importance de la certification pour les producteurs ivoiriens. Il insiste néanmoins sur la nécessité de rendre ce processus plus accessible financièrement.
« La certification est un outil essentiel pour valoriser nos produits agricoles. Cependant, nous devons travailler à réduire les coûts pour qu’elle soit à la portée de tous », déclare-t-il.
Sur le marché ivoirien, la majorité des produits portent le label « NI » (Norme Ivoirienne), mais Seriba Soro, expert en qualité au Bureau national d’audit (BNA), encourage les agriculteurs à viser des certifications plus ambitieuses, notamment les normes bio.
« Avec le changement climatique et les nouvelles exigences du marché, il est crucial de sensibiliser nos producteurs à adopter des normes qui non seulement protègent leur activité, mais leur garantissent aussi des gains économiques durables », affirme-t-il.
Un pas vers les marchés internationaux avec la ZLECAF
L’intégration des produits agricoles ivoiriens au marché de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) constitue un objectif majeur pour les acteurs du secteur. En juin 2024, plusieurs agriculteurs ivoiriens ont participé à une formation sur les normes de certification en vigueur dans la sous-région. Cette initiative vise à leur donner les outils nécessaires pour pénétrer ce vaste marché continental, qui promet des opportunités économiques sans précédent.
La ZLECAF, en rassemblant 54 pays africains, ouvre la voie à un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs. Pour les producteurs ivoiriens, se conformer aux exigences de ce marché représente une chance unique de multiplier leurs revenus et de participer à une économie africaine intégrée.
Les enjeux d’une agriculture durable et compétitive
En Côte d’Ivoire, l’agriculture est un pilier de l’économie nationale. Cependant, pour tirer pleinement parti de son potentiel, il est crucial d’adopter des stratégies à long terme basées sur des pratiques durables et conformes aux standards internationaux. La certification bio, par exemple, répond aux préoccupations croissantes liées au changement climatique tout en répondant à la demande mondiale pour des produits écoresponsables.
Les salons comme celui d’Abidjan jouent un rôle essentiel dans cette transition, offrant une plateforme où agriculteurs, experts et entrepreneurs peuvent échanger, apprendre et innover pour construire une agriculture ivoirienne compétitive, résiliente et durable.
Moctar FICOU / VivAfrik