Le G-Zero, une alliance inédite de quatre pays neutres en carbone, réclame une reconnaissance officielle et un soutien accru

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Une coalition unique face à l’urgence climatique

Lors de la COP29 à Bakou, quatre nations exceptionnelles, le Bhoutan, le Suriname, le Panama et Madagascar, ont officiellement lancé le G-Zero, une alliance regroupant les pays neutres ou négatifs en carbone. Leur objectif : obtenir une reconnaissance internationale officielle pour leur rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. Ces nations, qui absorbent plus de carbone qu’elles n’en émettent, souhaitent également bénéficier d’un soutien financier et technique pour préserver leur statut unique.

Cependant, le défi est de taille, notamment pour Madagascar, dont les forêts primaires, essentielles en tant que puits de carbone, sont menacées par la déforestation et les sécheresses croissantes. Si rien n’est fait, le pays pourrait perdre ce statut d’ici à 2026, selon sa feuille de route climatique.

Un rôle exemplaire mais ignoré

Alors que les discussions de la COP29 se concentrent sur un nouvel objectif collectif financier, l’initiative du G-Zero pourrait paraître marginale, venant de petits États aux ressources limitées. Pourtant, ces pays incarnent un idéal que le reste du monde espère atteindre d’ici 2050 : la neutralité carbone.

Aujourd’hui, cette neutralité est l’aboutissement d’efforts constants. Par exemple, le Bhoutan impose constitutionnellement un couvert forestier d’au moins 60 % et s’appuie sur des politiques strictes pour limiter les émissions. Ce petit royaume de l’Himalaya, négatif en carbone depuis 2009, se démarque également grâce à une économie durable basée sur l’hydroélectricité et le tourisme responsable.

Les objectifs du G-Zero

Le Bhoutan, chef de file de cette alliance, accueillera un secrétariat permanent pour coordonner les actions des membres du G-Zero. Les principales revendications de cette coalition sont :

1.    Reconnaissance officielle par les Nations unies : Aucun statut formel n’existe actuellement pour les pays neutres ou négatifs en carbone.

2.    Soutien financier et technique : Ces pays demandent une compensation pour les services qu’ils rendent à la planète en absorbant plus de CO₂ qu’ils n’en émettent.

3.    Visibilité diplomatique accrue : Le G-Zero souhaite peser davantage dans les négociations climatiques mondiales.

Des défis environnementaux et sociaux

Les membres du G-Zero s’engagent à rester neutres en carbone « pour toujours ». Cependant, cette ambition s’accompagne de sacrifices.

 .   Bhoutan : Malgré son succès, le Bhoutan fait face à des menaces climatiques directes, comme la fonte des glaciers himalayens et des risques d’inondations. Sa priorité reste de protéger son environnement tout en garantissant une croissance durable.

 .   Madagascar : Avec un budget alloué à l’environnement ne dépassant pas 1 % des ressources de l’État, Madagascar peine à concilier protection de sa biodiversité unique et développement socio-économique. La déforestation galopante met en péril son rôle de puits de carbone.

 .   Panama et Suriname : Ces pays, riches en forêts primaires, bénéficient de faibles densités démographiques, mais doivent maintenir leurs efforts face à la pression croissante de l’industrialisation.

Un appel urgent à la communauté internationale

Lors de la COP29, le G-Zero a lancé un appel clair à la communauté internationale : soutenir financièrement et techniquement les pays neutres en carbone pour les aider à maintenir leur statut et à s’adapter aux impacts du changement climatique.

Les membres de cette alliance espèrent que leur initiative servira de modèle et incitera d’autres nations à rejoindre leurs rangs. Parmi les candidats potentiels figurent le Gabon, les Comores, le Guyana et l’île de Niue.

Un équilibre délicat entre climat et développement

Comme l’a rappelé Max Andonirina Fontaine, ministre malgache de l’Environnement, « nous ne sacrifierons pas le développement et le bien-être de nos populations uniquement sur l’autel de la cause environnementale ». Madagascar, où les besoins en électrification, éducation et souveraineté alimentaire demeurent criants, illustre bien la tension entre objectifs climatiques et développement socio-économique.

Pour maintenir leur neutralité carbone tout en répondant aux besoins de leur population, les pays du G-Zero réclament un soutien accru, notamment pour renforcer la résilience de leurs infrastructures et protéger leurs puits de carbone naturels.

Moctar FICOU / VivAfrik

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