À la COP 29 de Bakou, les pays développés insistent pour que les économies émergentes contribuent davantage au financement climatique, une demande qui ravive les tensions sur les responsabilités dans la lutte contre le réchauffement.
Un nouvel objectif financier sous pression internationale
Madeleine Diouf Sarr, ancienne présidente du Groupe de négociation des Pays les moins avancés (PMA) sur le climat, a déclaré que les pays développés plaident pour inclure les pays émergents, tels que la Chine, l’Inde et le Brésil, dans le financement des actions climatiques. Cette position, exprimée lors des négociations à Bakou, reflète la volonté des nations riches de partager la charge financière pour atteindre le nouvel objectif climatique de 2030-2050.
« Les pays développés affirment qu’ils ne peuvent plus assumer seuls le financement climatique et souhaitent élargir les contributions aux économies émergentes », a précisé Mme Diouf Sarr. Cette demande, bien qu’acceptée comme légitime dans un contexte de besoins financiers massifs, est critiquée par les pays en développement, qui rappellent les responsabilités historiques des nations industrialisées dans le réchauffement climatique.
Un enjeu colossal : 1 000 milliards de dollars par an nécessaires
Selon les estimations avancées, le financement de l’action climatique nécessiterait environ 1 000 milliards de dollars par an pour répondre aux défis climatiques, réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone mondiale d’ici à 2050.
Cependant, les tensions persistent autour de l’article 9 de l’Accord de Paris, qui stipule que les pays développés doivent fournir un soutien financier aux pays en développement pour leur permettre de s’adapter au changement climatique. « Nous demandons aux pays développés de ne pas utiliser cet article pour détourner leurs obligations historiques », a insisté Mme Diouf Sarr.
Une négociation complexe sur plusieurs fronts
Les discussions à la COP 29 couvrent plusieurs points critiques :
. Le nouvel objectif chiffré de financement climatique (2030-2050) : Les pays en développement, représentés par les PMA, le G-77 et la Chine, travaillent à définir des modalités ambitieuses et applicables pour mobiliser ces ressources.
. L’objectif mondial d’adaptation (GGA) : Les parties cherchent à établir des cibles mesurables pour renforcer la résilience face aux impacts climatiques.
. L’accès aux ressources du Fonds pour les pertes et dommages : Ce mécanisme, décidé à la COP 28, est crucial pour aider les pays les plus vulnérables à faire face aux catastrophes climatiques.
Madeleine Diouf Sarr espère également qu’un consensus émergera autour d’une définition universelle de la finance climatique, un terme encore flou qui complique la mise en œuvre des engagements internationaux.
Des positions divergentes mais des avancées nécessaires
Les débats reflètent les divisions persistantes entre les nations riches et les pays en développement sur les responsabilités climatiques. Les premiers soulignent l’importance de contributions élargies, tandis que les seconds rappellent l’injustice historique de la situation. “Malgré ces divergences, nous restons engagés à pousser les négociations pour atteindre des résultats concrets”, a affirmé Mme Diouf Sarr.
Alors que le temps presse, les discussions à Bakou restent cruciales pour garantir un financement ambitieux, équitable et accessible, indispensable pour faire face à la crise climatique mondiale.
Moctar FICOU / VivAfrik