Pourquoi l’avenir de l’agro-industrie ouest-africaine dépend du renforcement des compétences et de l’éducation (rapport CUA-OCDE)

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L’Afrique de l’Ouest, région à forte dépendance agricole, voit son secteur agroalimentaire jouer un rôle central dans l’économie, représentant environ 25 % du Produit intérieur brut (PIB) et 45 % des emplois totaux. Mais face aux défis de la sécurité alimentaire et à la montée en puissance des chaînes de valeur agricoles, il est aujourd’hui impératif de renforcer les compétences de la main-d’œuvre dans cette industrie. Un rapport conjoint de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), intitulé « Dynamiques du développement en Afrique 2024 : Compétences, emplois et productivité », présente l’amélioration des compétences humaines comme essentielle à l’avenir de l’agro-industrie régionale.

Un secteur agro-industriel aux besoins de compétences diversifiées

L’agro-industrie en Afrique de l’Ouest dispose d’un immense potentiel, mais la réussite de sa transformation dépend d’une montée en compétences à tous les niveaux de la chaîne de valeur. Le rapport de la CUA-OCDE indique que le secteur a besoin de professionnels qualifiés dans des domaines spécifiques, comme la mécanisation agricole, l’irrigation, et l’innovation technologique. La gestion et le contrôle de la sécurité alimentaire, la traçabilité, la planification stratégique, ainsi que la gestion des ressources et des organisations sont également des compétences cruciales pour cette industrie. Ces compétences permettraient d’augmenter l’efficacité, d’innover et d’assurer la durabilité des activités agro-industrielles, tout en répondant aux attentes des consommateurs.

Un apprentissage informel qui limite le développement de l’agro-industrie

Actuellement, la plupart des travailleurs acquièrent leurs compétences agricoles de manière informelle, ce qui freine l’adoption de pratiques modernes et l’optimisation de la productivité. Les technologies de base employées, comme les techniques manuelles de labour ou d’irrigation, ne permettent pas de maximiser le rendement, et cette situation avantage surtout les multinationales déjà équipées de technologies avancées et capables d’intégrer des processus plus modernes. Le rapport cite des exemples concrets, notamment au Ghana, où les compétences de base sont en adéquation avec les demandes locales mais où des lacunes subsistent en termes de compétences techniques avancées. Au Sénégal, l’écart de formation dans plusieurs métiers par rapport aux exigences du marché est estimé à sept à neuf ans.

Un besoin urgent de politiques éducatives adaptées aux besoins agro-industriels

Pour combler ces déficits, le rapport souligne l’importance de politiques éducatives qui mettent l’accent sur l’enseignement secondaire, la formation technique, et le développement des compétences spécifiques à l’industrie agroalimentaire. Des initiatives visant à renforcer les compétences techniques, en intégrant des formations professionnelles en agriculture et en agro-transformation, contribueraient à doter les jeunes générations des outils nécessaires pour innover et améliorer la productivité agricole. Le développement de ces compétences permettrait également de répondre aux nouvelles tendances de consommation, telles que l’essor des supermarchés, l’urbanisation croissante, et la standardisation des produits agricoles, qui imposent des normes de qualité de plus en plus strictes.

Les défis climatiques, un autre impératif de montée en compétences

Les impacts du changement climatique sur l’agriculture en Afrique de l’Ouest ajoutent une autre couche de complexité nécessitant des compétences spécialisées. Les changements climatiques, caractérisés par des sécheresses, des inondations, et des événements météorologiques extrêmes, affectent directement la productivité agricole et la sécurité alimentaire dans la région. Pour y faire face, les professionnels du secteur doivent être formés à des techniques résilientes, telles que le choix de variétés de cultures résistantes, la gestion de l’irrigation, l’utilisation d’engrais adaptés et l’adoption de pratiques agricoles durables. Les compétences en matière de gestion des ressources et d’adaptation aux aléas climatiques sont ainsi essentielles pour protéger les productions locales et atténuer les effets de ces crises sur la sécurité alimentaire.

Une montée en compétences pour un impact socio-économique durable

La transformation de l’agro-industrie ouest-africaine par le renforcement des compétences a aussi un potentiel significatif pour stimuler l’emploi et améliorer les conditions de vie des populations rurales. En développant des politiques publiques axées sur le développement des compétences, la région pourrait créer des opportunités d’emplois qualifiés et attirer davantage d’investissements dans l’agro-industrie. De plus, en répondant aux normes internationales de qualité et de sécurité alimentaire, l’Afrique de l’Ouest pourrait augmenter sa compétitivité sur les marchés mondiaux et sécuriser des sources de revenus supplémentaires pour ses producteurs et exportateurs.

L’essor de l’agro-industrie ouest-africaine est donc intimement lié au développement des compétences et à la modernisation de l’éducation dans les secteurs clés. En renforçant les systèmes éducatifs et en investissant dans la formation des jeunes générations, les gouvernements ouest-africains pourraient ouvrir la voie à une agriculture durable et à un développement socio-économique résilient.

Moctar FICOU / VivAfrik

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