Le pastoralisme, une activité ancestrale fondamentale pour la survie de millions de personnes dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui confronté à des défis majeurs en raison du changement climatique, de la pression démographique, de l’insécurité et de l’urbanisation rapide. Le Forum de haut-niveau sur le pastoralisme, organisé du 6 au 8 novembre 2024 au Palais des Congrès de Nouakchott en Mauritanie a permis de réunir des experts, des décideurs politiques, des ONG et des acteurs communautaires afin de discuter des solutions durables pour soutenir cette pratique essentielle dans une région en pleine mutation.
Le Contexte du pastoralisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel
Le Sahel et l’Afrique de l’Ouest sont des régions où le pastoralisme est au cœur de l’économie et de la culture de nombreux peuples, notamment les Peuls, les Touaregs et les Berbères. Ces pratiques permettent la production de lait, de viande et de cuir, tout en jouant un rôle crucial dans la gestion des écosystèmes de la région. Toutefois, ces dernières années, les défis se sont intensifiés.
Changement climatique et variabilité climatique
Les sécheresses fréquentes, les épisodes de chaleur extrême et les variations des pluies ont rendu l’accès aux pâturages plus difficile, menaçant la sécurité alimentaire et la stabilité des communautés pastorales.
Sécurisation des territoires pastoraux
Les conflits liés à l’accès aux terres, les mouvements de populations dus à l’insécurité et l’occupation des pâturages par l’agriculture de plus en plus intensifiée ont contribué à la dégradation des terres et à l’instabilité dans les zones rurales.
Croissance démographique et urbanisation
La croissance rapide de la population et l’urbanisation galopante exercent une pression considérable sur les terres agricoles et pastorales, augmentant ainsi la concurrence pour les ressources naturelles essentielles à la pratique du pastoralisme.
Objectifs du forum de haut-niveau
Le Forum de Haut-Niveau sur le Pastoralisme a réuni des experts en gestion des ressources naturelles, des responsables gouvernementaux, ainsi que des organisations internationales et des acteurs locaux pour discuter des solutions possibles aux défis actuels. Les objectifs principaux étaient les suivants :
– Renforcer la gouvernance du pastoralisme : Mettre en place des politiques publiques claires pour sécuriser les territoires pastoraux et faciliter l’accès des éleveurs aux ressources naturelles.
– Promouvoir des pratiques durables : Encourager la transition vers des pratiques de pastoralisme résilientes face aux changements climatiques, en favorisant l’agro-pastoralisme et la gestion communautaire des ressources naturelles.
– Assurer la sécurité des éleveurs : Aborder la question de l’insécurité en renforçant les mécanismes de protection des éleveurs face aux conflits intercommunautaires et aux violences armées.
– Valoriser le pastoralisme dans les politiques de développement : Intégrer le pastoralisme dans les stratégies nationales de développement pour garantir son avenir et sa durabilité.
Solutions et initiatives clés
Amélioration des pratiques de gestion des ressources naturelles
Des initiatives visant à améliorer la gestion des pâturages et des points d’eau ont été mises en place, comme la création de zones pastorales protégées et l’implantation de techniques d’irrigation adaptées aux besoins des éleveurs.
Utilisation des technologies innovantes
L’intégration de nouvelles technologies, comme les systèmes de suivi satellitaire et les applications mobiles, permet aux éleveurs de mieux gérer leurs déplacements, d’éviter les conflits sur les zones de pâturage et d’accéder à des informations sur les conditions climatiques et les ressources en eau.
Formation et renforcement des capacités
La formation des acteurs locaux, y compris des éleveurs et des gestionnaires des ressources naturelles, reste une priorité pour renforcer les capacités locales face aux défis de la modernité et du changement climatique.
Vers un avenir durable pour le pastoralisme
Le Forum de Haut-Niveau sur le Pastoralisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest a été un moment crucial pour faire émerger des solutions concrètes face aux défis du pastoralisme dans un contexte de changement climatique et de pression démographique. En unissant les efforts des gouvernements, des organisations internationales et des communautés locales, il est possible de préserver cette pratique ancestrale tout en répondant aux besoins croissants des populations rurales. Le pastoralisme peut et doit être un moteur de développement durable dans la région, à condition de renforcer les politiques, d’encourager les pratiques durables et de garantir la sécurité des éleveurs et des communautés pastorales.
Moctar FICOU / VivAfrik