Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a publié le 4 novembre 2024 à Libreville son Rapport mondial sur le développement humain 2023-2024, mettant en lumière le faible niveau de développement humain dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Ce classement, basé sur l’Indice de Développement Humain (IDH), mesure la qualité de vie des populations de 193 pays selon des critères comme l’espérance de vie, l’éducation et le niveau de vie. Les six États membres de la CEMAC, malgré leurs richesses naturelles, se situent dans le bas du classement, entre la 123e et la 191e place mondiale.
Un classement contrasté pour les États de la CEMAC
Parmi les pays de la CEMAC, le Gabon s’en sort le mieux, occupant la 123e place, suivi de près par la Guinée équatoriale en 133e position. Le Congo-Brazzaville se place 149e et le Cameroun 151e, tandis que le Tchad et la République centrafricaine ferment la marche, se classant parmi les cinq derniers pays au monde.
Cette situation est paradoxale au vu des abondantes ressources naturelles de la région. Comme l’a souligné Francis James, représentant du PNUD au Gabon, cette faible performance illustre ce que l’on appelle souvent la « malédiction des ressources ». « Avec les ressources géologiques des pays de la sous-région, on devrait voir de meilleurs résultats. Mais pour cela, il faut prioriser le développement des compétences humaines plutôt que l’exploitation des ressources naturelles », a-t-il déclaré.
Gouvernance et malédiction des ressources : des freins au développement humain
Selon Bruno Mve Ebang, professeur agrégé de sciences politiques, la raison principale de ces contreperformances réside dans les carences en gouvernance : « Certains États de l’Afrique centrale sont qualifiés de scandales géologiques, mais malgré cette richesse, ils peinent à se développer. Cela traduit un problème de gouvernance généralisé, qui entrave la lutte contre la pauvreté et le développement des infrastructures sociales. »
Conséquences économiques et sociales d’un faible IDH
Le faible niveau de développement humain a des conséquences directes sur la vie des populations, contribuant à des taux élevés de pauvreté et de chômage. Face à ces défis, le PNUD appelle à une réforme structurelle visant à améliorer la gestion des ressources naturelles et à investir dans le capital humain.
Ce rapport 2023-2024 invite ainsi les pays de la CEMAC à se pencher sur les facteurs structurels bloquant leur progression et à adopter des stratégies plus inclusives pour un développement durable.
Moctar FICOU / VivAfrik