« La souveraineté alimentaire n’est plus un rêve éloigné, elle devient une urgence humanitaire », dit-on. C’est dans cette optique que le Sénégal prévoit d’élaborer une stratégie nationale de souveraineté alimentaire répondant aux aspirations du projet prôné par les nouvelles autorités. Cependant, cet élan peut être miné par l’inadaptation des semences importés par rapport aux conditions climatiques de nos régions. Une inadaptation qui n’ébranle pas le nouveau directeur général de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA).
En effet, le marché semencier africain notamment sénégalais est miné par plusieurs enjeux à savoir l’inadaptation des semences importés, c’est-à-dire leur qualité par rapport aux conditions climatiques de nos régions, l’absence de production de semence local, l’absence d’entreprises privées nationales pouvant relever ce défi. En outre, la recherche appliquée sur la question n’est pas suffisamment développée ne répondant pas au besoin national surtout en termes de semences maraichères.
Malgré ce tableau sombre du marché semencier, le nouveau directeur général de l’Institut sénégalais de recherche agricole est déterminé à renverser la tendance. Moustapha Guèye qui a informé que son institut a réussi à atteindre un record avec la production de 150 tonnes de semence de pré base d’arachide attendue cette année est d’avis que le Sénégal peut, à l’instar du Maroc, résoudre la question liée à la production de semences.
« Notre objectif, c’est d’impliquer davantage le secteur privé dans la production de semences. Cette production n’est pas une activité de recherche. Il faut des capitaux, des infrastructures de dernière génération. Donc nous allons commencer avec certains privés mais nous allons aussi étendre notre collaboration. Nous avons identifié, sur tout le territoire national, des structures qui ont des fermes ou qui ont des capacités de produire des semences. En associant avec eux, avec l’appui des services bancaires, les difficultés liées à la questions semencière seront minimisées », a dit le Dr Moustapha Gueye.
Avant d’ajouter que le Sénégal peut définitivement résoudre cette question comme l’a fait le Maroc. « Pour ce qui est du financement de la recherche, au Maroc, c’est le roi qui est le principal bailleur. C’est pourquoi, ils ont un système très performant de recherche. Le Sénégal peut suivre cette voie », a relevé le successeur de Momar Talla Seck.
Qui a déploré le fait qu’en Afrique subsaharienne, « nous avons des économies avec des possibilités très limitées. Nos institutions sont financées peut-être à un certain niveau et se sont les équipes de recherches qui doivent aller chercher les compléments de financement sachant que c’est celui qui vous finance relativement qui vous conditionne ».
Le Dr Moustapha Gueye faisait face à la presse pour annoncer les activités qui vont marquer la célébration des 50 ans de l’ISRA et revenir sur les temps forts de l’histoire de l’institut. La célébration officielle aura lieu à la date anniversaire du 4 novembre 2024 sous le haut patronage du chef de l’Etat. Il s’en suivra un forum scientifique de deux jours sur le thème : « Enjeux de la recherche agricole pour un développement économique et social durable ».
« Depuis sa création en 1974, l’ISRA a su rester à la pointe de la recherche et de l’innovation, tout en étant profondément enraciné dans les réalités locales. Il s’est affirmé, à travers les âges, comme un pilier essentiel de la recherche agricole en Afrique de l’Ouest, jouant un rôle clé dans l’amélioration des pratiques agricoles, l’innovation et la recherche scientifique. A travers des programmes de recherche adossés sur une vision claire et des efforts inlassables, ses chercheurs ont non seulement contribué à améliorer la vie des populations sénégalaises, mais ont également positionné le Sénégal comme un leader en matière de recherche agricole en Afrique », a indiqué Dr Gueye.
Qui s’empresse à expliquer que cette recherche n’a pas occulter la question semencière avec comme objectif principal, l’atteinte de la souveraineté alimentaire. « L’un des piliers phares de la recherche agricole au Sénégal, c’est l’atteinte de la souveraineté alimentaire ».
Souhait dont le chef de l’Etat actuel, Baasirou Diommaye Diakhar Faye, a fait sien, en soulignant, lors du Conseil des ministres du 14 aout 2024, l’impératif de refonder la politique de recherche et de vulgarisation agricoles, conformément aux standards internationaux et de renforcer l’ISRA à des fins de souveraineté alimentaire.
Moctar FICOU / VivAfrik