Institué en Egypte lors de la Conférence de Charm el-Cheikh de 2022 sur les changements climatiques (COP27), l’adoption du fonds pertes et dommages restait un défi majeur. Mais lors de la première journée de la COP28 à Dubaï, ce fonds a été adopté suivi des promesses de financement tournant autour de 792 millions de dollars mobilisés par 19 pays aux profit des Pays les moins avancés (PMA) et les Etats insulaires.
« Parmi les défis qui s’imposent présentement, il y a d’abord la gouvernance de ce fonds qui reste à définir mais surtout le conseil d’administration qui aura en charge la gestion de ce fonds et qui doit enregistrer la participation des PMA et les Etats insulaires et qui peuvent influencer sur les critères d’accès à ce fonds à fonds », a mis en garde le chargé de projet à ENDA ENERGIE.
Oumar Cissé s’exprimait vendredi 22 décembre 2023 à Dakar, la capitale sénégalaise lors d’une conférence de presse de débriefing pour partager avec les acteurs des médias l’essence des progrès et des points de blocage de la COP28.
Se prononçant en présence du directeur général de ENDA ENERGIE, Emmanuel Seck, du membre du Comité national changement climatique (COMNAC), Antoine Faye et de Samba Fall, responsable changement climatique à ENDA ENERGIE, M. Cissé a ajouté : « nous, en tant qu’Etats très vulnérables aux aléas climatique, ce qui reste à faire, pour ne pas connaître le même sort que certains pays qui peinent à mobiliser des ressources au niveau du Fonds vert climat, évoquant souvent des difficultés liées à la lourdeur administrative et à la non disponibilité de certaines données qui peuvent être des évidences à faire valoir afin de pouvoir mobiliser des ressources, nous, à notre niveau aussi, le défi majeur par rapport à ce nouveau mécanisme financier reste en quelque sorte l’évaluation des pertes et dommages ».
« Comment évaluer une perte non-économique : des sites sacrés endommagés, des cimetières engloutis par les eaux, des pêcheurs qui vont en mer y rencontrent des difficultés et perdent leur vie. Comment évaluer cette perte en vie humaine, des questions liées à la santé, les déplacés climatiques ? », s’est-interrogé.
Pour sa part, Antoine Faye a rappelé que la 28 Conférence des parties (COP28), tenue à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, s’est conclue avec l’adoption du « Consensus des Émirats Arabes Unis » nourrissant encore beaucoup de promesses de financement tout en reconnaissant l’urgence des efforts d’adaptation et de réduction d’émissions de Gaz à effet de serre (GES) pour arriver à la neutralité carbone attendue en 2050.
A l’en croire, certes, le paquet de proposions obtenues à la COP28 demeure une lueur d’espoir à l’objectif global de l’Accord de Paris mais suscite des questionnements cruciaux pour le futur des pays en développement et particulièrement les PMA.
« Au chapitre des préoccupations, figurent en bonne place le doublement du financement de l’adaptation, l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages, la spécificité des trajectoires de transitions justes et équitables au niveau des PMA encore caractérisés par l’accès limité aux services énergétiques, la pauvreté économique, la précarité énergétique, les besoins de développement et de transfert de technologies, etc., a laissé entendre le membre du COMNAC.
Ce sont autant d’enjeux fondamentaux nécessitant une communication plus appropriée avec l’ensemble des acteurs afin de permettre aux économies des pays du Sud de contribuer à l’ambition globale climatique tout en assurant un développement socioéconomique juste, résiliente au changements climatiques et sobre en carbone dans l’optique de mieux suivre les transitions déclinées et établies, entre autres, dans les domaines énergétique, agro écologique, industrielle et infrastructurelle.
Après la phase préparatoire de la COP (semaine climat et énergie et PreCoP28), ENDA ENERGIE a jugé opportun, avec ses partenaires, de réunir encore une fois les différentes parties prenantes, notamment les acteurs non étatiques pour faire le point, et réfléchir ensemble sur le suivi des principales conclusions et résultats de la COP28.
Moctar FICOU / VivAfrik