Un sentiment de désespoir habite les négociateurs africains sur les changements climatiques réunis à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023 pour les besoins de la 28ème Conférence de l’ONU sur le climat (COP28). Ils ont indiqué dimanche 10 décembre 2023 être préoccupés et inquiets des progrès insuffisants concernant les fonds dédiés à la mise en œuvre de l’objectif mondial d’adaptation, établi dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015.
Suffisant pour le responsable de Groupe africain des négociateurs sur les changements climatiques de relever que « nous sommes inquiets du manque de progrès noté dans les négociations sur les fonds dédiés à l’objectif mondial d’adaptation au changement climatique ».
James Morombedz s’exprimait lors d’une séance de partage d’informations sur l’état d’avancement des négociations menées sur le changement climatique par le Groupe africain des négociateurs, lors de la 28ème Conférence des Nations unies de Dubaï, aux Emirats arabes unis. Une rencontre organisée par la commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
« L’adaptation est une priorité, un problème de survie pour le continent africain et une grande composante de l’Accord de Paris », a-t-il rappelé, ajoutant que l’objectif mondial d’adaptation a été établi dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015.
A l’en croire, l’adaptation vise à faire face aux répercussions des changements climatiques et à renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes vulnérables.
M. Morombedz qui est d’avis que l’Afrique attend du reste du monde des actions pour s’adapter aux effets du changement climatique, comme la sécheresse, la montée des eaux, les vagues de chaleur, etc. a renchéri que « nous sommes dans une urgence d’adaptation, nous devons agir avec des mesures d’adaptation. La COP28 doit compléter le travail entrepris au cours des deux dernières années en lançant un cadre solide sur l’adaptation ».
« Ce sera le résultat le plus important pour l’Afrique sans lequel nous considérerions que la COP28 est un échec. Les fonds dédiés à l’adaptation doivent bénéficier de plusieurs milliards », a-t-il plaidé, appelant à l’application de l’Accord de Paris sur le climat et à une transition juste.
Il a également réitéré l’engagement du Groupe africain des négociateurs à s’associer à d’autres groupes régionaux de négociations pour un résultat positif à cette COP28.
Pour sa part, le conseiller du Groupe africain des négociateurs, a soutenu que le résultat obtenu pour le moment par rapport à l’objectif mondial sur l’adaptation a été décevant.
« Les discussions et les négociations sont restées bloquées. Elles sont toujours en cours et nous espérons avoir de bons résultats, des résultats à la hauteur, d’ici à la fin de cette conférence internationale sur le climat », a souhaité Seth Osafo, saluant toutefois la décision du président de la COP28, Sultan Ahmed Al-Jaber, de mettre en place le fonds dédié aux pertes et dommages et à son opérationnalisation dès le premier jour de cette COP. « C’est la plus belle décision de cette COP », s’est-il réjoui.
« Au final, si nous ne recevons rien d’autres, nous avons au moins l’opérationnalisation du fonds pertes et dommages actuellement à un cumul de 700 millions de dollars de contributions annoncées », a dit M. Osafo.
En marge de cette séance, Aissatou Diouf, responsable du plaidoyer et des politiques internationales à Enda Energie et négociatrice sur les questions de financement pour le Sénégal, a indiqué que le fonds dédié aux pertes et dommages sera administré par la Banque mondiale, sur une période de quatre ans.
« L’opérationnalisation de ce fonds, c’est déjà bien, mais tout un tas de travail reste pour avoir les 600 milliards de dollars attendus pour ce fonds. Sur cet objectif, nous n’en sommes qu’à 600 millions de dollars de promesses », a-t-elle ajouté.
« Il est important qu’au-delà de la COP les Etats respectent et continuent leurs engagements », a encore souligné Mme Diouf.
Qui est d’avis que « l’autre point important c’est de trouver un mécanisme urgent qui facilite l’accès et la décentralisation de ce fonds vers les communautés impactées les plus vulnérables au changement climatique ».
Revenant sur l’objectif mondial d’adaptation, elle a déclaré que c’est une priorité alors que les fonds alloués vers l’adaptation sont minimes.
A ce propos, elle a précisé que « l’objectif, c’est de pouvoir les doubler d’ici (à) 2025 pour atteindre 35 voire 40 milliards de dollars pour financer l’adaptation qui est encore sous financée par rapport à l’atténuation ».
Les autres thématiques de discussions des groupes de négociations et hommes politiques africains en dehors de l’Accord de Paris, de l’objectif mondial sur l’adaptation, des pertes et dommages, portent sur la transition durable et équitable, la finance et les besoins particuliers et circonstances particulières de l’Afrique.
Moctar FICOU / VivAfrik