Afrique de l’Ouest : 16,5 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, annonce la Banque mondiale

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La malnutrition aiguë persiste dans toute la région ouest-africaine. La raison ? Les prix des aliments qui continuent d’augmenter un peu partout dans le monde. Une flambée des prix qui n’épargne pas l’Afrique, selon un rapport de la Banque mondiale. L’institution financière a publié lundi 8 mai 2023 un état des lieux de la sécurité alimentaire dans le monde. Elle décrit une situation particulièrement critique en Afrique de l’Ouest et centrale et appelle à ne pas attendre pour mettre fin aux crises alimentaires.

Selon les dernières estimations du réseau de prévention des crises alimentaires, cité par la Banque mondiale, 29,5 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence.

L’institution financière juge la situation particulièrement inquiétante au Sahel, notamment pour les enfants de moins de cinq ans. Ils sont près de 16,5 millions à souffrir de malnutrition aigüe au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie et au Niger.

Le rapport mondial sur les crises alimentaires redoute une extension, en Afrique et dans le monde, des populations en situation de crise aiguë. Et d’appeler à des aides spécifiques sans attendre que la situation ne dégénère.

Dans son état des lieux de l’année 2022, le rapport mondial sur les crises alimentaires 2023 (GRFC en anglais), ne se montre guère optimiste pour 2023. Selon les projections, 38 des 58 pays ou territoires touchés par une crise alimentaire se trouvent ou risquent de se trouver en situation critique. En cause, la violence et l’insécurité, le changement climatique et la forte inflation.

« En 2022, près de 258 millions de personnes dans 58 pays ou territoires étaient en insécurité alimentaire aiguë, contre 193 millions dans 53 zones en 2021. Plus de 40% de la population résidaient dans cinq zones seulement : la RD Congo, l’Éthiopie, l’Afghanistan, le Nigeria et le Yémen », a appris la Banque mondiale. 

Deuxième constat dressé par la Banque mondiale : la sécurité alimentaire diminue dans le nord du Togo et du Bénin, une zone où la sécurité est désormais plus menacée.

Il est probable que la situation d’insécurité alimentaire aiguë de ces pays soit encore aggravée par plusieurs chocs survenus au début de 2023. Il s’agit notamment du cyclone tropical Freddy à Madagascar, au Malawi et au Mozambique, les tremblements de terre en Syrie et en Turquie, et de l’intensification du conflit au Soudan. Environ 310 000 personnes devraient se retrouver en situation de « catastrophe », dans six pays (Burkina Faso, Haïti, Mali, Nigeria, Somalie et Soudan du Sud), dont près des trois quarts en Somalie. Sans compter la situation incertaine au Yemen. En Somalie, on entrevoit encore un risque de famine parmi les populations agropastorales du district de Burhakaba et des camps de personnes déplacées à Baidoa et Mogadiscio au cours du deuxième trimestre 2023.

Prix des principales céréales 25 % à 40 % supérieurs aux cinq dernières années

Et le phénomène touche l’ensemble du continent. En Afrique de l’Ouest, les prix des principales céréales de base sont, toujours selon la Banque mondiale, de 25 % à 40 % supérieurs à la moyenne de ces cinq dernières années. Les prix des produits alimentaires augmentent aussi en Afrique australe, en particulier à Madagascar, au Malawi, au Mozambique ou encore en Afrique du Sud.

Cette inflation, la Banque mondiale l’explique par la hausse généralisée des prix des produits de base dans le monde et des prix du carburant qui augmente le coût de transport des produits alimentaires.

Les pays côtiers sont également touchés. Les ménages ont de plus en plus de mal à accéder à des aliments nutritifs, en quantité suffisante. L’institution financière pointe des obstacles commerciaux persistants, des coûts de transports élevés, les répercussions de la guerre en Ukraine et la dépréciation de la monnaie.

Enfin, autres facteurs aggravants mentionnés par l’institution financière : la poursuite du conflit en RDC, qui va augmenter le nombre de réfugiés. Le conflit au Soudan est aussi mentionné dans le pays, l’aide humanitaire est limitée. L’insécurité alimentaire devrait, là aussi, s’aggraver.

Et pour ce qui concerne l’Afrique du Nord, la Tunisie subit de plein fouet les conséquences de la sécheresse en cours. Selon la Banque mondiale, le pays n’a reçu que 44 % de ses précipitations moyenne. Le ministère tunisien de l’Agriculture estime que la production de céréales sera diminuée de 500 000 tonnes, par rapport à l’an dernier.   

Moctar FICOU / VivAfrik

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