L’Institut de recherche sur les politiques en Afrique (APRI) et Enda Energie ont organisé, lundi 6 février 2023 à Dakar, la capitale sénégalaise, un atelier multi-acteurs de partage des résultats préliminaires des études de cas sur les expériences d’adaptation dirigée localement pour les secteurs de l’agriculture, des zones côtières et de la santé. En effet, avec le soutien et l’étroite collaboration d’Enda Energie, l’APRI a mis en œuvre le projet de recherche baptisé : « Adaptation au climat, stratégies, pratiques et initiatives : enjeux et orientations au Sénégal » à travers l’implication d’un chercheur senior en changement climatique qui travaille sur les défis de l’intégration de l’adaptation locale dans l’action climatique et les politiques d’adaptation. Le projet concerne trois pays d’Afrique à savoir le Sénégal, le Ghana et le Nigéria.
Pour le cas spécifique du Sénégal, cet atelier de partage de haut niveau qui a regroupé les autorités étatiques, les chercheurs, les universitaires, la société civile etc. s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des politiques et actions climatiques notamment la Contribution déterminée au niveau nationale (CDN) et le Plan national d’adaptation (PNA) déclinés à travers différents secteurs prioritaires ; de l’intégration des réponses endogènes aux défis climatiques au niveau local ou des pratiques d’adaptation communautaires dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la CDN et du PNA et de la plus-value (intérêt et pertinence) pour l’action climatique au Sénégal de l’adaptation dirigée localement dont l’efficacité a été démontrée, notamment pour faciliter un meilleur alignement entre les options d’adaptation des secteurs prioritaires de la CDN et les plans de développement local, a souligné, Ibrahima Sy, Géographe de formation par ailleurs chercheur dans le cadre ce projet.
Selon Grace Mbungu, Responsable du programme changement climatique à l’APRI, sa structure s’est assignée pour mission d’asseoir une contribution qui devrait permettre d’avoir des éléments de référence sur le plan des impacts socio-économiques, les impacts environnementaux et institutionnels alors que l’atelier a une approche intégrée. Ainsi, avec les études de cas et les expériences qui résultent du terrain, « nous pourrons non seulement apprendre de ces impacts mais nous assurer qu’on a une méthodologie de capitalisation permettant aux autres acteurs d’avoir des éléments de référence ou des canevas afin de pouvoir valoriser le travail abattu au niveau local notamment sur la question d’adaptation », a souligné Emanuel Seck, Directeur de programme à Enda Energie.
Lors de ces travaux, les experts ont partagé, avec les parties prenantes de l’action climatique au Sénégal, les résultats préliminaires des études de cas pour les secteurs de l’agriculture à Daga Birame, des zones côtières à Dionewar et de la santé à Widdou Thingoly en vue de les enrichir et de les valoriser.

Ainsi, les résultats préliminaires des études de cas sur les expériences d’adaptation dirigée localement pour ces trois secteurs ont été partagés avec les parties prenantes de l’action climatique et des politiques d’adaptation, a renchéri Ibrahima Sy, chercheur pays de l’organisme APRI.
Dans le détail, les objectifs visés sont la présentation de l’approche méthodologique mise en œuvre pour la réalisation des trois études de cas, notamment le processus de collecte de données sur le terrain ; le partage des résultats préliminaires des études de cas sur l’adaptation dirigée localement pour les secteurs de l’agriculture, des zones côtières et de la santé et le recueil de recommandations des parties prenantes pour une meilleure documentation, capitalisation et valorisation des résultats obtenus dans le cadre de la CDN.
Venu prendre part à cet atelier de validation des résultats de cette étude, Gabriel Ndiaye, coordonnateur du Projet d’appui au plan national d’adaptation du Sénégal peine à cacher ses impressions. « Nous avons une bonne impression au sortir de ces travaux parce que nous sommes conscients qu’aujourd’hui, pour ce qui est des questions climatiques, c’est au niveau local voir communautaire que toutes les mesures d’adaptations sont appliquées et nous voyons que ces aspects sont au cœur du projet », s’est-il satisfait.
Rappelons que le PNA est une directive instaurée dans le cadre de la Conférence des parties sur les changements climatiques où il a été demandé aux pays d’élaborer leurs Plans nationaux d’adaptation qui ont pour objectif d’arriver à réduire la vulnérabilité des populations, des écosystèmes en renforçant les capacités d’adaptation mais également arriver à intégrer les questions climatiques dans la planification mais surtout dans la budgétisation. Cette intégration néo-stratégique va avoir comme corolaire l’intégration au niveau des projets et programmes qui vont être déroulé au niveau local.
A en croire M. Ndiaye, l’impact attendu de ce projet est d’interconnecter le monde de la recherche et les populations au niveau de la base afin d’apporter une plus grande résilience de ces populations mais aussi de créer une jonction entre le niveau étatique, le niveau société civile, collectivité territoriale et communautaire.
Pour sa part, Paul Marie Sène, agent de l’ANGAR dans le département de Kaffrine s’est, de son côté, réjoui du fait que le secteur de l’agriculture soit pris en compte par l’étude. Il reste convaincu que les « recommandations et suggestions formulées par les experts seront pris en compte par les décideurs ». « L’étude a été bien faite, rien n’est laissé au hasard. Les auteurs ont passé au peigne fin les activités ou réalités qui se trouvent sur le terrain. Je suis convaincu que beaucoup de problèmes que nous rencontrions sur nos périmètres agricoles seront résolus d’une manière définitive », a-t-il poursuivi.
Se prononçant sur l’amélioration des insuffisances de l’étude, Paul Marie Sène a suggéré le renforcement de la gouvernance, la mise en place des fonds pour booster les activités génératrices de revenus et surtout le renforcement des capacités des populations cibles.
Venu représenter l’Association pour le développement de Dionewar qui pilote un projet d’adaptation au changement climatique, précisément l’érosion côtière, Moussa Ndiaye a plaidé en faveur d’un appui financier au profit des îles du Saloum particulièrement à Dionewar afin que les populations soient appuyées sur leurs initiatives d’adaptations. Il a relevé que les faiblesses se situent au niveau des ressources financières, expliquant que les populations n’ont pas toujours les ressources nécessaires à mettre à la disposition des initiatives qu’elles prennent. Le déficit de ces ressources peut se ressentir au niveau du secteur agricole, car, selon lui, « à Dionewar, l’érosion côtière a des aspects liés à l’agriculture dans la mesure où les espaces menacés étaient avant des espaces agricoles. Il en est de même pour la santé ».
Moctar FICOU / VivAfrik