« Terres. Vie. Patrimoine : D’un monde précaire vers un avenir prospère ». Tel est le thème de la 15ème Conférence des parties (COP) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) qui s’ouvre ce lundi 9 mai 2022 à Abidjan, la capitale ivoirienne en présence de plusieurs chefs d’Etat, pour tenter d’agir concrètement face à la dégradation rapide des terres et ses conséquences néfastes pour la biodiversité et les populations.
Les pays participants devront décider d’actions futures pour atténuer les conséquences de la progression de la sécheresse. Elle menace actuellement de faim 20 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique. Le thème de la rencontre sonne déjà la sonnette d’alarme. La douzaine de chefs d’État attendus devra s’atteler à la santé en danger des terres, déjà dégradées à 40 % selon la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
Il est « un appel à l’action pour faire en sorte que la terre, qui est notre source de vie sur cette planète, continue de profiter aux générations présentes et futures », souligne le CNULCD dans un communiqué
Si les plans projetés sont ambitieux (restauration d’un milliard d’hectares de terres d’ici à 2030, incitation à la pérennisation de l’utilisation des terres), les conséquences, en cas d’inaction, pourraient, elles, être désastreuses pour le climat, la biodiversité et les moyens de subsistance.
« La Conférence portera une attention particulière à la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, la pérennité de l’utilisation des terres face aux impacts du changement climatique et la lutte contre l’augmentation des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt », a précisé l’institution onusienne.
Sécheresse et faim dans la Corne de l’Afrique
Du sud de l’Éthiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, la Corne de l’Afrique fait face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec près de 20 millions de personnes menacées par la faim.
Dans ces régions où la population vit majoritairement d’élevage et d’agriculture, les trois dernières saisons des pluies depuis fin 2020 ont été marquées par de faibles précipitations, venant s’ajouter à une invasion de criquets qui a ravagé les cultures entre 2019 et 2021.
Un mois après le début théorique de la saison des pluies, « le nombre de personnes qui ont faim en raison de la sécheresse pourrait monter en flèche, passant de l’estimation actuelle de 14 millions à 20 millions en 2022 », déclarait en avril le Programme alimentaire mondial (PAM).
Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine. En Éthiopie, 6,5 millions de personnes font face à une « insécurité alimentaire sévère », de même que 3,5 millions de personnes au Kenya, selon l’agence.
Avancée du désert au Maroc
Depuis les années 1980, le sable ne cesse d’avancer sur la ville d’Er-Rissani, dont les abords offrent un spectacle de désolation. À perte de vue, des centaines de palmiers pourrissent sur une terre ocre craquelée. Avec la fin du XXe siècle sont arrivées les longues périodes de sécheresse et le départ des paysans. L’agriculture est devenue marginale.
Pendant des siècles, les oasis y ont formé un inexpugnable bouclier contre la désertification. Elles souffrent désormais de la sécheresse et d’une forte baisse de la nappe phréatique -conséquence de sa surexploitation et de la mauvaise gestion des eaux de surface- et de l’urbanisation croissante.
Les oasis sont considérées comme les écosystèmes les plus vulnérables – à « haut risque »- face au changement climatique, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Leur disparition aurait de lourdes conséquences environnementales, mais aussi économiques, sociales, culturelles…
Moctar FICOU / VivAfrik