Deux responsables du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont alerté, vendredi 6 mai 2022 que l’Afrique fait face à une crise « sans précédent » provoquée par l’invasion russe en Ukraine notamment avec la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant.
De nombreuses personnes en Afrique subsaharienne utilisent des bouteilles de gaz de pétrole liquéfié (GPL) comme principal combustible pour cuisiner. Cependant, le prix du GPL s’est envolé.
Dans certaines régions du Nigeria, le prix de détail a plus que doublé au cours de l’année écoulée, selon le Bureau national des statistiques du pays. Les autres pays ne sont pas épargnés. Cette situation s’explique par l’invasion de l’Ukraine lancée le 24 février 2022 puis les sanctions imposées dans la foulée à Moscou alors que les pays africains sont déjà aux prises avec la pandémie de Covid-19 et de l’urgence climatique.
S’exprimant au cours d’une conférence de presse organisée à Genève, en Suisse, l’économiste en chef du PNUD Afrique a souligné que « c’est une crise sans précédent pour le continent ».
Raymond Gilpin, en visioconférence depuis New York, a évoqué la flambée de l’inflation, notamment en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Sierra Leone.
L’économiste dit s’attendre à « une baisse de la croissance économique sur le continent, censée augmenter légèrement cette année après la Covid-19, car la croissance des exportations va être d’environ 4 %, et non 8,3 % comme prévu ». Conséquences : des millions de ménages à travers le continent – qui compte une majorité des pays les plus pauvres du monde – auront des difficultés financières, ce qui peut nourrir la colère sociale.
Poursuivant son allocution, M. Gilpin a détaillé : « nous voyons la possibilité de tensions dans les points chauds comme le Sahel, certaines parties de l’Afrique centrale et la corne de l’Afrique ». Estimant que « les tensions, en particulier dans les zones urbaines, les communautés à faible revenu, pourraient déborder et provoquer de violentes protestations et émeutes », notamment dans les pays qui organisent des élections cette année ou l’année prochaine.
Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina avait averti que « l’Afrique doit se préparer à une crise alimentaire mondiale inéluctable » d’autant que de nombreux pays africains dépendaient pour se nourrir de la Russie et de l’Ukraine, deux exportateurs majeurs de blé, maïs, colza et huile de tournesol.
Suffisant pour la sous-secrétaire générale des Nations Unies de confié que, « dans certains pays africains, jusqu’à 80 % du blé venait de Russie et d’Ukraine. Avec les perturbations qui se produisent maintenant, il y a une situation urgente qui se matérialise »
Ahunna Eziakonwa s’interroge en ces termes, « vers où ces pays se tournent-ils du jour au lendemain pour des produits de base qui, je le rappelle, sont des produits de subsistance ? »
Celle qui est également directrice régionale du bureau Afrique du PNUD a affirmé que les taux d’emprunts en Afrique sont trop importants. « Ils sont plus élevés que partout ailleurs dans le monde. Et en termes de dette, un certain nombre de pays sont déjà en détresse », a ajouté Mme Eziakonwa, citant notamment le Ghana, très endetté.
A l’en croire, « les institutions multilatérales doivent faire un effort pour vraiment réfléchir à un scénario de restructuration de la dette ».
Moctar FICOU / VivAfrik