Le Cameroun, premier pays à intégrer la production du biochar dans sa stratégie climat

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Le pays est devenu le tout premier au monde à intégrer la production industrielle de biochar dans sa stratégie climat et développement durable, ont affirmé les écologistes.

Notons que le Cameroun porte sur son territoire une partie du massif forestier du Congo qui représente le second puits de carbone de la planète. Séquestrant de ce fait plus de carbone qu’il n’en produit, le pays n’en subit pas moins de plein fouet les effets des dérèglements climatiques.

Conduite par le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, qu’accompagnent ses collègues de l’Environnement, Hélé Pierre, et des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, la délégation camerounaise a fait sensation au cours de la 26ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), qui s’est achevée le samedi 13 novembre 2021 avec l’adoption du pacte de Glasgow. En effet, selon les experts des questions environnementales, le pays est devenu le tout premier dans le monde à intégrer la production industrielle du biochar dans sa stratégie climat et de développement durable.

Cette stratégie, qui a fait l’objet d’une présentation le 9 novembre 2021, apprend-on, révèle que, afin de lutter contre les changements climatiques, le Cameroun ambitionne de construire, d’ici l’année 2030, une cinquantaine d’usines de production de biochar. Selon un expert, « le biochar est un produit solide à forte teneur en carbone, semblable à de la poudre de charbon de bois. Il est produit à partir de résidus agricoles, dont on extrait le carbone par pyrolyse ». Ce procédé, explique une source autorisée, consiste en la décomposition chimique d’un composé organique par une augmentation importante de sa température (entre 350 et 650 ℃ en l’absence d’oxygène), pour obtenir d’autres produits qu’il ne contenait pas. Avec la production du biochar, le Cameroun ambitionne de retirer de l’atmosphère et de stocker chaque année au moins 250 000 tonnes de CO2, un gaz à effet de serre responsable du réchauffement de la planète et donc des changements climatiques, a relayé Brice R. Mbodiam dans les colonnes d’Ecofin.

Rappelons que le biochar est un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse végétale. Il est utilisé en agriculture pour augmenter la productivité des sols. Le biochar agit pour réhumifier les sols, améliorer la rétention d’eau et stimuler le système immunitaire des plantes.

M. Mbodiam relève qu’afin de réaliser cet objectif de production du biochar à l’échelle industrielle, le gouvernement camerounais s’est attaché les services de la société NetZero qui a récemment livré, en seulement quatre mois, la toute première unité de production de biochar en Afrique à Nkongsamba, dans la région du Littoral, du Cameroun. Cette usine de 500 m² a une capacité de traitement de 10 000 tonnes de déchets. « Le potentiel de réplication au Cameroun est énorme, compte tenu des millions de tonnes de résidus agricoles inutilisés générés par l’agro-industrie », fait observer un expert dans le domaine, cité par Investir au Cameroun.

En dehors de la lutte contre les changements climatiques, selon des sources proches du dossier, la stratégie camerounaise vise également à tirer profit des autres avantages de cette matière, notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie. « Mélangé à la couche superficielle des terres agricoles, le biochar est aussi un moyen éprouvé d’améliorer durablement la rétention d’eau et de nutriments dans les sols, et donc le rendement des cultures. […] Le processus de production du biochar dégage de l’énergie renouvelable sous forme de gaz, lequel peut être transformé en électricité », a encore souligné Brice R. Mbodiam qui cite une note élaborée par le Cameroun et son partenaire NetZero, à l’occasion de la COP26.

Pour rappel, au cours de cette grand-messe autour de la préservation de la biodiversité, qui s’est achevée samedi 13 novembre 2021 en Ecosse, avec l’adoption du pacte de Glasgow, les pays de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), que préside actuellement le ministre camerounais Jules Doret Ndongo, ont obtenu des donateurs des promesses de financements d’un montant de 983 milliards FCFA. Cette manne financière devrait contribuer à financer le projet biochar au Cameroun.

Moctar FICOU / VivAfrik

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