En octobre 2019, six ONG ougandaises et françaises – dont les Amis de la Terre France et Survie – ont intenté en France une action en justice, accusant Total de ne pas respecter « ses obligations légales de prévenir les violations aux droits humains et les dommages environnementaux dans le cadre de son méga-projet pétrolier en Ouganda et Tanzanie ».
Cette action en justice est la première basée sur la loi française relative au « devoir de vigilance » des multinationales. Une audience à la Cour d’appel de Versailles (région parisienne) opposant les six ONGs et Total doit avoir lieu le 28 octobre.
Avec le projet « Tilenga », Total envisage notamment de forer plus de 400 puits reliés par un réseau de pipelines (et produire 200.000 barils par jour), dont 132 dans le parc national des Murchison Falls en Ouganda.
« Total est aussi le principal développeur du projet EACOP (…), un oléoduc géant de 1.445 km de long (qui) sera chauffé à 50 degrés et transportera le pétrole extrait aux abords du lac Albert en Ouganda » jusqu’à la côte nord-est de la Tanzanie. « Ces deux projets impliquent des déplacements massifs de population », dénonce ce nouveau rapport publié mardi et basé sur une « enquête de terrain réalisée entre juin et septembre ».
« L’une des principales violations (…) concerne les restrictions imposées aux communautés dans l’usage de leurs terres agricoles, dont elles dépendent pour survivre, et ce bien avant d’avoir reçu leurs compensations », relève le rapport.
« Ce sont aujourd’hui des dizaines de milliers de personnes qui attendent une compensation depuis plus de deux ans, et se retrouvent totalement démunies, souffrant de l’accaparement de leurs terres, dont leur survie dépend pourtant, du fait des projets Tilenga et EACOP », selon ce rapport.
Ces associations s’inquiètent aussi des conséquences écologiques de ces projets pétroliers car plus de 50% des espèces d’oiseaux et 39% des espèces de mammifères vivant sur le continent africain sont représentées dans le bassin du lac Albert.
Oxfam et la Fédération internationale des droits de l’Homme avaient également critiqué ce méga-projet en septembre.