Par Fabien Tondel, Cecilia D’Alessandro, Ibrahima Hathie et Clarisse Blancher
Le développement du secteur du riz en Afrique de l’Ouest représente un défi important de politique publique. Suite à la crise des prix alimentaires de 2008, les pays d’Afrique de l’Ouest ont réussi à stimuler la production de riz. Cependant, la compétitivité du secteur ne s’étant que trop peu améliorée, ils ont continué à importer des quantités croissantes de riz, ce qui les a exposés à la volatilité du marché international.
Les politiques commerciales ont contribué à ce résultat. La faible protection des importations, par rapport aux producteurs asiatiques, a été un facteur majeur, comme le montrent les activités de contrebande entre des pays ayant des niveaux tarifaires différents. Les exonérations fiscales souvent accordées arbitrairement aux importateurs de riz ont miné la stabilité des marchés intérieurs. La faible application des normes de qualité et de sécurité sanitaire a permis l’importation de riz de qualité inférieure, concurrençant ainsi injustement les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest.
Outre les politiques officielles, des intérêts complexes et interdépendants entre les acteurs privés et publics motivent les activités de commerce du riz. L’importation et la distribution du riz, qui génère des rentes importantes, sont soutenues par de puissants acteurs économiques et politiques.
Néanmoins, les développements récents suggèrent que des progrès dans la régulation des marchés du riz et le développement de filières compétitives et inclusives sont réalisables. Cela nécessite un alignement des intérêts, la promotion de politiques cohérentes liant une réglementation plus stricte des importations à la structuration des marchés intérieurs, et des incitations à l’investissement privé.
En s’appuyant sur les dynamiques existantes dans les régions transfrontalières, la facilitation des échanges pourrait contribuer davantage à l’émergence de chaînes de valeur modernes et à la sécurité alimentaire. La mise à l’échelle d’expériences prometteuses en matière de régulation du marché et du commerce, tout en développant le secteur du riz dans le cadre de systèmes agroalimentaires plus durables, dépend également des intérêts des différents États à mieux coordonner leurs politiques nationales en matière de riz et à mettre en œuvre les accords commerciaux régionaux.