Kinshasa, le 13 mars 2019 (caritasdev.cd) : La sécurité alimentaire et la nutrition étaient au centre d’un séminaire régional tenu du 04 au 08 mars 2019 au centre d’accueil de Caritas à Kinshasa. Caritas Mali, Caritas Niger, Caritas Uganda, Caritas Zambie et Caritas Congo Asbl, ainsi que Caritas Africa, ont échangé sur le programme d’appui à la sécurité alimentaire, exécuté par ces Organisations précitées, avec le financement de NORAD (Ministère Norvégien pour le Développement International), à travers Caritas Norvège. Ce programme court de 2018 à 2021.
L’objectif de ce séminaire régional a été ainsi de garantir des solutions innovantes et de grande qualité, fondées sur l’autonomisation des communautés locales des programmes de pays en Afrique, appuyés par l’Accord-cadre avec NORAD, afin de favoriser la compréhension mutuelle, la collaboration et les échanges d’idées.
Les cinq partenaires nationaux mettent en œuvre des programmes de développement assez similaires axés principalement sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.
Deux jours des échanges et un autre sur le terrain ont permis aux coordinateurs nationaux dudit programme et leurs répondants diocésains de tirer les leçons de l’évolution des activités à ce stade, afin de promouvoir les bonnes pratiques.
« Ce séminaire permettra aux cinq partenaires nationaux en Afrique de partager leurs expériences sur les résultats atteints, les leçons apprises, les défis et opportunités ainsi que les méthodologies mises en place pour l’autonomisation des communautés locales et des organisations partenaires », avait souligné le Secrétaire Exécutif de la Caritas Congo Asbl, Mr Boniface Nakwagelewi ata Deagbo, à son discours d’ouverture.
Des résultats très encourageants chez des paysans visités à Mvululu
La seconde journée des travaux a été réservée à la visite de terrain à Mvululu, dans le Territoire de Kasangulu, en Province du Kongo Central. Caritas-Développement-Santé de Kisantu y exécute le programme d’appui à la Sécurité alimentaire et au Renforcement des Capacités économiques des ménages ruraux dans les Diocèses de Butembo-Beni, Kindu, Kisantu et Kongolo.
Son objectif est de réduire la faim et la pauvreté de 2.260 ménages ruraux de ce territoire. Ces bénéficiaires sont regroupés dans 40 Comités Villageois de Développement (CVD).
Les délégués de cinq Caritas nationales et leurs partenaires de Caritas Norvège ont ainsi visité mercredi dernier des champs de démonstration de quelques CVD, une chèvrerie, une pépinière des arbres pour l’éducation des enfants à la protection de la forêt et une « zone mise en défens » pour la régénération assistée des forêts avec des essences à croissance rapide sur le site de Gata Di Nkulu.
Cette visite a été précédée par un briefing sur l’évolution du programme de Bureau Diocésain de Développement Kisantu et les témoignages de quelques paysans.
Des avis très positifs de quelques participants
Revenus de terrain, les participants se sont retrouvés en salle lors de la troisième journée. Ils ont d’abord suivi l’exposé du Coordonnateur Régional de la Caritas Africa, Mr Albert Mashika, sur les défis et perspectives d’avenir de cette Organisation régionale, ainsi que l’expérience de Caritas Uganda sur la prise en compte de Genre et de personne vivant avec handicap dans ce programme.
Lors des échanges, un tour de table a permis à chacun de tirer les leçons sur les rapports présentés à la première journée par chacun des partenaires et sur la visite sur terrain.
Ainsi, Mme Marit Sorheim, Directrice de la Coopération internationale de Caritas Norvège, a trouvé très intéressant de voir comment les paysans travaillent et a apprécié leurs produits. « Ça m’a un peu découragé qu’ils aient des difficultés d’accès à la terre. Ça peut freiner le développement », a-t-elle déclaré, en remerciant la Caritas Congo Asbl de leur avoir donné l’occasion de voir cette expérience de la Caritas-Développement Santé Kisantu à Mvululu.
Mgr Francis Ndamira, Directeur National de Caritas Ouganda, a déploré les difficultés dont font face des gens qui sont désireux de travailler la terre ; surtout à cause des voies d‘évacuation. « Il faudrait un plaidoyer efficace, mais aussi l’engagement de la population pour l’entretien des routes. Nous aimerions voir l’implication de la population dans ce sens, comme en Ouganda où nous travaillons avec des ONGs dans ce secteur », a-t-il relevé.
Mr Guillaume Julien DADJO, Coordonnateur National de Caritas Niger, a apprécié les champs de démonstration des pratiques agro-écologiques du site de Kiosi : « une action moins couteuse, disponible et accessible ». En fait, trois possibles sont présentées aux paysans de cultiver leurs produits : sans fumier, avec fumier végétal et avec fumier animal. Les paysans en arrivent à tirer la bonne expérience. Son compatriote Sawa en a appelé à la prise de conscience pour travailler dans la durabilité car des gens sont en train d’attendre des solutions contre la faim.
Le Coordinateur de la Caritas Kongolo /RDC, Abbé Edouard Makimba, a salué l’appropriation des techniques agricoles par les paysans ! « C’est le fruit d’un accompagnement et de suivi que je salue beaucoup », a-t-il noté, en louant aussi la collaboration entre paysans et encadreurs (agronomes). Il a été aussi impressionné par le témoignage de la jeune dame, la vice-présidente, qui parlait devant les invités sans complexe ; elle qui le faisait pour la première fois.
Dans une comparaison avec son pays du Sahel, Mr Armand KASSOUE, Coordonnateur National à la Caritas Mali n’a pas caché le choc qu’il a eu : « une insécurité alimentaire avec une forêt disponible et des pluies normales. Chez nous, c’est la sècheresse qui constitue un frein. Ici, j’ai compris que des dignitaires se sont accaparés de la terre. Pour le contourner, les populations ont cotisé de l’argent pour acheter 12 hectares, comme à Kiosi. Ils sont sur le chemin pour devenir propriétaires terriens ». Il a appelé l’assemblée à plaider pour la sécurisation foncière au bénéfice des paysans, tant en RDC qu’ailleurs en Afrique.
Martin de Caritas Zambie a relevé la problématique de l’électricité, pour ne pas trop mettre la pression sur la forêt et déboucher à un déséquilibre en termes de biodiversité.
Robert Hodosi, Responsable du programme de Sécurité alimentaire de Caritas Norvège, a remercié Caritas Congo Asbl pour la visite de terrain : « Nous avons vu des obstacles pour les paysans ; la difficulté à intégrer les méthodes climatiques. Mais, j’ai salué l’engagement des paysans à intégrer toutes les pratiques leur apprises ».
Parlant de la Gestion de l’Environnement, le Coordonnateur National du Service de Promotion de Développement (SPD) de Caritas Congo Asbl, Mr André Mathunabo, a cité trois grands défis et les solutions offertes. Face à la déforestation, le programme exécuté par la Caritas vulgarise les pratiques agricoles durables (culture sous couvert végétal, reforestation, etc.). Devant la pollution des eaux à cause de l’usage des plantes médicinales ou des huiles déversées sur les sources, tuant les poissons dans nos rivières, il y a la sensibilisation, vulgarisation des cultures pérennes. Enfin, pour la gestion des déchets (notamment à cause de la divagation des bétails), solution : compostage, bio fertilisants ; élevage en stabilisation pour éviter les conflits dans la population.
Le séminaire s’est achevé par des mots de remerciements du Secrétaire Exécutif de la Caritas Congo Asbl, qui a loué la coopération fraternelle avec la caritas Norvège, en réponse aux propos similaires lui adressés par cette dernière, Mme Martha Rubiano Sketteeberg.