L’Afrique, le royaume des déchets à ciel ouvert

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Désirer, acheter, consommer avant de jeter et de recommencer, voici un processus simple que nous reproduisons tous les jours sans même nous en rendre compte. Aujourd’hui, dans le monde, en un an, plusieurs milliards de tonnes de déchets sont produits. Si la grande majorité des pays développés a fait du traitement des ordures une priorité environnementale, politique et économique, d’autres nations beaucoup plus vulnérables n’arrivent pas à tenir le rythme et croulent sous les montagnes de détritus.

Rédigé par Martin Lozniewski

Selon le magazine Forbes, seize des vingt-cinq pays de la planète les plus dépassés par ce phénomène se trouvent en Afrique, un continent où les décharges sont pleines à craquer, où des matériaux toxiques, des équipements électroniques et chimiques se mélangent aux ordures ménagères, où autant de détritus trainent dans des infrastructures archaïques que dans la nature ou dans les rues.

Parmi les pays les plus touchés par ce phénomène: le Mali, le Niger, l’Ethiopie, le Congo, le Tchad, la Tanzanie, le Burkina Faso, la Mozambique ou encore le Nigéria.

A Bamako, capitale malienne, faute de ramassage régulier des déchets, les riverains les abandonnent en pleine rue avant de les brûler. Impuissants face à cette situation, ils sont les premiers à en subir les conséquences: entassement des détritus, fumées récurrentes, odeurs nauséabondes, de plus en plus de rats, cafards et mouches prospérant autour des décharges sauvages, contamination des ressources hydriques, des terres, de l’agriculture, du bétail et augmentation de la pollution de l’air provocant des maladies dangereuses pour ces populations contraintes à vivre dans des « quartiers poubelles ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’insalubrité provoque plus de treize millions de décès par an, un chiffre qui devrait exploser dans les années à venir à cause du boom démographique que subit l’Afrique.

Face à cette réalité, décidée à se faire entendre par le reste du monde, la jeunesse africaine, la jeunesse du monde de demain, proteste, manifeste, témoigne, diffuse des informations sur les réseaux sociaux et prend la parole dans des conférences, forums et autres sommets internationaux « verts » organisés pour trouver des solutions à ces problèmes qui nous concernent tous. Et cette persévérance fonctionne.

Depuis quelques années, des investissements colossaux ont permis aux Africains, entre autres, de mettre en place en un temps record de réels projets de valorisation des déchets, des systèmes performants de collecte et de tri, de construire des nouvelles infrastructures, de moderniser les anciennes, de sensibiliser la population aux bienfaits du recyclage, de créer des emplois dans le secteur de l’hygiène et de la propreté, etc.

Le défi de l’Afrique est clair désormais: réussir à donner une deuxième vie aux déchets. En effet, les ordures ne doivent plus être considérées comme des matériaux sans aucune valeur mais comme une ressource à valoriser pour en tirer des bénéfices économiques et sanitaires utiles pour tous.

Si depuis peu certains pays, notamment dans le nord du continent, commencent déjà à constater les bienfaits du recyclage, d’autres n’arrivent pas à voir le bout du tunnel. De trop nombreux problèmes de gestion des budgets, des ressources humaines et techniques, de corruption politique et de communication freinent le développement de cette activité dans de multiples zones d’Afrique.

Récemment, Interpol a mené une vaste opération visant à condamner celles et ceux qui, dans le but de s’enrichir au détriment de la protection de la planète, ont importé des déchets dans des pays qui n’ont même pas la capacité de traiter correctement les leurs. Bilan de la mission: près de deux millions de détritus de contrebande provenant essentiellement d’Amérique du Nord et d’Europe et en partance pour l’Afrique et l’Asie ont été saisis.

À l’heure où le traitement des ordures est devenu un business grandissant et pèse plusieurs milliards de dollars, la responsabilité sociale des gouvernements et entreprises doit être une priorité. Si cette condition n’est pas respectée, c’est la santé de la planète et de ses habitants qui risqueraient d’en payer le prix fort.

Martin Lozniewski, est rédacteur web spécialisé dans l’environnement, politique et économie eurafricaine.

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